Il y a 30 ans, Renault donnait naissance à la descendante de l’Alpine GTA. Son nom : A610. Elle est le modèle de la marque au A fléché le plus performant. Pourtant, elle ne connaitra pas une longue vie…

Passer après l’A110 a été une épreuve pour de nombreux bolides Alpine. Il faut dire qu’il est toujours difficile d’affronter un mythe. Après la GTA, c’est au tour de l’A610 de prendre la relève. Sa tâche est grande : remettre en selle la marque au A fléché sur le marché des sportives premium. Pour y parvenir, le centre d’étude, basé à Dieppe, garde le meilleur de la GTA et améliore le reste. Résultat : le design se veut plus cossu. Les vitrages et la partie arrière ont été repris tandis qu’un aileron plus affirmé a été ajouté. La face avant adopte, quant à elle, un pare-chocs enveloppant et des phares escamotables. De nouvelles jantes 16 pouces façon « turbine » font également leur arrivée. À l’intérieur, la finition est revue à la hausse. Une moquette épaisse accompagne les sièges sport, revêtus de velours (ou de cuir en option). L’isolation a aussi été corrigée et on y trouve de nombreux équipements de série comme la direction assistée, les vitres électriques ou encore l’ABS. À noter que le lecteur CD Pioneer est proposé en option. L’A610 est donc une vraie GT haut de gamme et cela se voit à son prix… 395 000 francs.

 

 

 

Sous le capot, qui se situe à l’arrière, un moteur de 2 963 cm3. Le V6 PRV a évolué à plusieurs niveaux : augmentation de la cylindrée à 3 litres, suralimentation par un turbo au temps de réponse minimisé et calculateur spécifique. Le 0 à 100 km/h est réalisé en moins de sept secondes et le bolide monte à plus de 265 km/h. Les 250 chevaux sont disponibles à 5 750 tr/mn. De quoi tenir la comparaison en termes de performance face à la Porsche 911 Carrera 2, la Ferrari 348 TB ou encore la Lotus Esprit. La boîte de vitesses, mécanique à cinq rapports, a été renforcée pour faire face au supplément de couple et reçoit une synchronisation sur le pignon de marche arrière. Une chose est toutefois reprochée à l’A610. Ses 200 kilos supplémentaires, soit 1 420 kg, qu’on retrouve en partie dans la structure avant du véhicule afin de la renforcer et la rigidifier dans le but d’offrir une meilleure tenue de route. Dans cette même logique, la répartition des masses a été modifiée en ajoutant certains éléments comme la roue de secours et la pompe de direction assistée. Celle-ci passe ainsi de 38/62 sur les GTA à 43/57 sur l’A610.

 

Alors qu’avant elle, beaucoup d’Alpine sont présentes dans les compétitions automobiles, l’A610 brille par son absence ce qui ne va pas l’aider à fédérer son statut de sportive ultra-performante. Cela explique peut-être pourquoi le bolide a connu une courte vie. Après deux premières années difficiles, des nouvelles (et dernières) évolutions sont apportées en 1993. Les jantes, désormais en aluminium et à cinq branches, ont un dessin plus harmonieux. La sportive a également de nouveaux projecteurs blancs tandis que sous le capot, le moteur perd 12 cm3 pour satisfaire aux normes d'homologation de certains pays étrangers. Cela ne suffira pas. L’année 1995 est la dernière. Une ultime A610, de couleur rouge écarlate nacré vernis, sort des lignes de production de l’usine de Dieppe en avril. Au final, le bolide ne s’est vendu qu’à 818 exemplaires. Un chiffre qui devrait ravir les collectionneurs car il fait de l’Alpine A610 un modèle collector !